Noirs en pays arabes

De graves incidents se sont multipliés ces dernières années contre les populations noires en Afrique du Nord. Du Maroc à la Libye, en passant par l'Algérie, on ne compte plus les mises à mort de rue, les ratonnades policières, les lynchages, humiliations et autres faits divers consternants. Les Noirs y sont couramment appelés ''abd'' (esclaves), kahlouch ("nègre") ou qird ("singe"). Régulièrement accusés d’être porteurs de multiples fléaux et maladies, ils font l’objet d’une sorte de rage collective et xénophobe. Le problème pourtant est très généralement sous-évalué ou occulté.

« Racisme, xénophobie, intolérance. Comment l’ignorer ? »




« Les Noirs africains qui travaillent en Égypte, en Algérie et en Libye, racontent comment ils sont ridiculisés, publiquement et physiquement agressés » (The Huffington Post USA, « The Great Taboo : arab racism » Rebecca Tinsley, 9 septembre 2011).
En Algérie, de véritables massacres ont eu lieu contre des migrants noirs à Ouargla (18 morts brûlés vifs en novembre 2015), Béchar (mars 2016), Tamanrasset (juillet 2016). Dans la périphérie ouest d'Alger en décembre 2016, des réfugiés, entassés dans des camps insalubres, ont été violemment arrêtés par la police dans une quasi indifférence des médias internationaux et des dirigeants politiques locaux.
En Égypte, des affrontements de quatre jours ont fait à Assouan 26 morts (Jeune Afrique, 29 avril 2014).
En Libye, depuis la chute de Kadhafi, les émeutes sanglantes s'enchaînent. Des Tchadiens et des Soudanais réfugiés du Darfour sont égorgés par la foule. « Les témoignages et rapports de Human Rights Watch font état de centaines de civils tués ou torturés en raison de leur couleur de peau » (Le Monde Afrique, 7 septembre 2011). Une enquête d'Amnesty international fait état d'une situation très préoccupante dans ce pays dès novembre 2012. Les nombreux témoignages y relatent, sur plusieurs mois, des conditions de vie particulièrement odieuses pour les immigrés emprisonnés dans des hangars insalubres : « L’ONG indique avoir rencontré 2700 détenus au total. Parmi eux, figuraient des femmes enceintes, des femmes avec des enfants en bas âge, ainsi que des enfants non accompagnés détenus avec des adultes qu’ils ne connaissaient pas » (JOL Press, 15 novembre 2012).

Au Maroc, dans le quartier de Boukhalef à Tanger, des Noirs africains sans papier ont été attaqués à la machette par des civils le 29 août 2014 ; un homme a été égorgé, 14 personnes ont été gravement blessées. Le magazine Maroc Hebdo a publié sans complexe un dossier intitulé « le péril noir » dévoilant ainsi une réalité qui n'a jamais cessé de faire des ravages dans les pratiques et les mœurs des pays arabes. Y ressurgit un monstre appelé « racisme, xénophobie, intolérance. Comment l’ignorer ? » (Courrier international, 9 novembre 2012).