En
France,
les laïcs deviennent des laïcards
que
l'on veut
pendre,
les
blancs des ennemis à abattre dans
les crèches,
et les
lanceurs
d'alerte
sur l'islamisme, de dangereux
fascistes
qu'il
faut
mettre en taule.
Une
chasse aux sorcières s'abat sur les esprits libres et sur
les
intellectuels qui, échappant à tout diktat politique ou médiatique,
cherchent à comprendre d'où vient le mal qui ronge le pays.
Qui
veut les faire taire, et pourquoi ? Qui
a décidé que leur combat utile était perdu d'avance ? Au nom
de quel droit, au nom de quelle morale ?
La
morale antiraciste, indigéniste, immigrationniste, antitrumpiste,
vrivrensembliste, pasdamalgamiste (complétez vous-même) décrète,
statue, enjoint, somme et dicte sans concession que sa vision du
monde, son
regard sur l'histoire, son avis éclairé, ses idées universelles de
bon sens et de vérité, ne peuvent être, en aucun cas, détrompés
ni contestés.
Nous
voilà
donc
arrivés
au
dernier stade d'un
long processus d'inversion des valeurs qui transforme,
depuis trop longtemps déjà,
les meilleures intentions du monde en
sombres
pelletés de terre sur notre tombe.
La
lutte contre le racisme était autrefois un engagement noble, une
vertu humaniste, une éthique irréprochable. C'est devenu
aujourd'hui une injonction dévoyée et virulente, dogmatique et
haineuse, activiste et fanatique, qui interdit toute critique ou
exégèse.
L'antiracisme
est devenu un racialisme intolérant et injuste qui criminalise, à
raison, la distinction des races, mais pour mieux excuser les dérives
du communautarisme, édulcorer à l'envi l'impact du terrorisme,
encourager sans distinction les revendications identitaires, tout en
empêchant sous toutes ses formes ne serait-ce que les mots même
d'identité nationale, de patriotisme, de judéo-christianisme.
Depuis
plus
d'un
an de tartufferie sans précédent dans ce beau pays de France dont
je me demande encore
s'il
est le mien, comment
laisser à d'autres le champ exclusif de la morale ?
Pourquoi
laisser à l'aveugle le droit de dire ce que je peux voir ?
En
ces temps d'improbation
et d’oukases
qui
empoisonnent les individus et tentent de faire peur, la
liberté d'opinion et d'expression est l'arme, la dernière arme dont on peut encore disposer pour se
dresser contre ces déviances.
Tant
pis si le risque est grand de se voir affublé sine
die,
dès qu'on ouvre la bouche, de l'insulte suprême de '' suppôt
d'extrême droite'', ou encore de '' horrible islamophobe'', ou de
...
(complétez
vous-même). La calomnie et la diffamation, banalisées jusqu'à
l’écœurement, sont les derniers outils de propagande de l'armée
de la bienpensance
qui
délivre des certificats de conformité ou d'atimie.
Car,
il n'a échappé à personne que désormais le
bourrage de crâne
indigéniste et indigeste qui souffle sur la société française
comme un air pestilentiel d'un autre temps, s'attaque à ceux qui
parlent, à ceux qui développent, argumentent, et détruisent un à
un, dans un discours sans violence ni détestation, les faibles
démonstrations
fallacieuses
de cette
gauche morale qui
veut les interdire. Et souhaite,
sans complexe ni
remords,
en contradiction totale avec ses propres valeurs, les bannir de
l'espace public comme des malpropres, les exclure sans discussion de
l'intelligence collective, les disqualifier de l'art de discourir et
de controverser à loisir en toute démocratie.
Bref,
la gauche morale ne veut plus discuter, ni échanger ni
débattre
. La gauche morale n'est plus au temps de l'interlocution honorable
qui encourage le dialogue et la pensée contradictoire sans prétendre
convaincre ni être convaincue.
Maintenant, cette gauche épouvantable, toujours prête à pleurer
les morts, porter des fleurs et écraser une larme à condition de ne
voir, ni
désigner
ni parler des criminels, cette gauche inique et cruelle pratique sans
état d'âme un ostracisme social
indigne des meilleurs combats qu'elle a choisis autrefois.
Les
mots qui disent et contestent, analysent et cherchent à comprendre,
ces mots qui parlent en toute liberté sont la dernière bouée de
sauvetage, l'ultime dignité. Pourquoi s'en
priver ?
La
gauche morale ne s'y trompe pas. Elle veut soumettre les
intellectuels récalcitrants qui soulignent ses propres mensonges et
erreurs, elle souhaite sans limite les livrer à la vindicte
populaire en divisant la société au lieu de la construire, elle
s'acharne à les condamner au silence par des procédures
judiciaires, elle s'obstine à les jeter aux chiens avec la
complicité affolante de journalistes décérébrés et incultes qui
s'érigent eux-mêmes en gracques justiciers. Sa propagande vise les
esprits libres, car elle reconnaît dans leur engagement, une force
dangereuse et incontrôlable qui risquerait, à la fin, d'initier les
plus démunis à un doute philosophique, à une étincelle de
lucidité, à une interrogation légitime pour conduire enfin à une
simple et claire question : et si cette gauche-là avait tort ?
Et si cette gauche morale était devenue l'ennemie de la morale ?
Et si ma propre famille politique et de cœur, cette gauche
irréprochable qui parle au nom des pauvres et des faibles, si cette
gauche-là ne me disait plus la vérité ?
Des
associations antiracistes comme le MRAP ou la LICRA ont porté
plainte cette année contre Georges Bensoussan, historien de renom et
spécialiste de l'histoire du Maghreb, lui reprochant de simplement
faire son métier d'historien et de parler d'un antisémitisme
musulman aux racines profondes et anciennes. L'expert mesuré et
honnête, relaxé en 1ère instance puis en appel, s'est vu traité
comme le pire des délinquants et traîné par ces mêmes
associations devant les tribunaux comme un paria. Innocenté et lavé
de l'injure raciste qu'on voulait lui coller à la peau, il a tout de
même été remercié sans ménagement du Mémorial de la Shoah où
il officiait depuis 25 ans. La gauche morale a perdu son procès mais
gagne souvent à asséner à l'autre qui lui déplaît des blessures
d'honneur, car cette gauche indigne veut faire mal, quitte à donner
des coups sous la ceinture pour ne pas perdre la face.
La
LICRA s'acharne aujourd'hui sur Zemmour, l'auteur le plus lu de
France qu'on adore détester. On le voit sur le site de cette
association sur le même plan qu'une racaille chanteur qui confond la
promotion de son album avec de la pure incitation à la haine que
certains imbéciles heureux osent comparer à la poésie de Brassens.
Zemmour,
mais aussi Onfray viré de l'université populaire de Caen, mais
aussi Finkielkraut molesté en plein Paris par des zadistes excités
et hargneux, seraient donc une sorte de ''criminels de la pensée'',
symboliquement dangereux car ils porteraient un message plus nocif et
inquisiteur que le premier débile venu, sorti tout droit des bouges
périphériques de nos villes, et qui chante dans la toute innocence
de son art, en se trémoussant stupidement sur un clip ou dans la
cour d'un palais de la République.
Décidément
la gauche aujourd’hui se drape d'une obscénité sans complexe.
Cette
gauche-là est au pouvoir. Cette gauche-là est en marche. Elle fait
sa loi et sort ses poings, menace et intimide, fiche et classifie,
distingue et oppose les progressistes qui la suivent aux populistes
qui la dérangent. En ces temps douloureux, le pouvoir dans notre
République n'est plus celui de la démocratie. La gauche morale
vocifère et s'impose non par la force du nombre, mais par celle de
la dissuasion arbitraire. Elle distribue les lettres de noblesse et
les cocardes multicolores, mais aussi les blâmes et les
avertissements. Elle fait la pluie, le beau temps, fait taire les
rumeurs et aimerait soigner ses adversaires dans des asiles
psychiatriques. Elle fait beaucoup de doigts d'honneur, des selfies
provocateurs avec des créatures à moitié nues mais compte les
chemises et les costumes des autres. Indécence.
Jean-Paul Fhima, le 4 octobre 2018
Religion a Dabate, " La izquierda moral se ha convertido en enemiga de la moral"