Sotchi et les veuves noires



Le 28 janvier, Anita DeFrantz, membre du CIO, évoquait dans le Wall Street Journal l’inquiétude des sportifs américains au sujet de leur sécurité sur place. Pour la première fois, l’idée de se rendre à ces Jeux olympiques ne soulève pas un fol enthousiasme. Gerard Kemkers, entraîneur de l’équipe néerlandaise de patinage de vitesse en longue piste, a même déclaré dans la presse : « Pour parler franchement (…) je n’ai pas le choix. Il faut que j’y aille, pour faire mon travail ». Bonjour l’ambiance !

Il y a de sérieuses raisons de s’inquiéter. 

 

parkoly 

Les 60 km à parcourir entre Sotchi et les installations sportives de Krasnaïa Poliana sur des routes de montagne difficiles à surveiller vont multiplier les risques d’attentats, d’autant que les autochtones connaissent bien les chemins escarpés du massif du Caucase et les secteurs peu accessibles à une surveillance même aérienne. Plus grave, mardi 21 janvier, une terroriste islamiste Ruzana Ibragimova, 22 ans, dite Salima, aurait été vue dans une rue de Sotchi à l’intérieur même du « cercle d’acier ». Les policiers seraient toujours à sa recherche. Boiteuse et balafrée, elle serait aisément reconnaissable. Salima est l’une des veuves noires tchétchènes, daghestanaises ou turkmènes dont la presse russe redoute plus que jamais le passage à l’acte.

Attentats, menaces et provocations des dernières semaines relèvent d’un véritable harcèlement terroriste mené surtout par ces femmes, de jeunes veuves d’indépendantistes du Caucase.



Volgograd touchée par un deuxième attentat
Volgograd touchée par un deuxième attentat



A Volgograd, situé à 600 km au nord-ouest de Sotchi, une femme kamikaze Naida Asiyalova s’est fait exploser dans un autobus en octobre dernier (6 morts, une trentaine de blessés). Une de ses amies de 26 ans recherchée depuis juin 2012, Oksana Aslanov, est soupçonnée de l’un des deux autres attentats de Volgograd des 29 et 30 décembre 2013 (17 morts et 28 blessés dans la gare de la ville).

Durant les seize derniers mois, sur un total de vingt-six attaques terroristes en Russie, on compte quarante-six femmes tuées par attentats-suicide (Daily Mail, Anna Nemtsova). La plupart du temps, elles opèrent à plusieurs (au moins par deux), souvent sous la conduite d’un homme (Christopher Swift, université de Georgetown). Ce chiffre effarant montre une progression inquiétante depuis la première guerre de Tchétchénie. L’objectif est de créer un sentiment d’inquiétude et de déstabiliser l’Etat russe. Objectif atteint.

Les redoutables veuves noires vengent leurs maris.

 

Djennet Abdourakhmanova, 17 ans, une des deux kamikazes du métro moscovite à la station Loubianka il y a quatre ans, était la veuve d’Oumalat Magomedov, alias « Al-Bara », aussi surnommé l’émir du Daghestan », abattu trois mois auparavant par la police, le 31 décembre 2009 à Khassaviourt, dans l’ouest du pays. Djennet (Jannat en arabe, c’est-à-dire ‘’paradis’’) a actionné des explosifs placés autour de sa taille. Sa tête intacte a été retrouvée sur les lieux. Elle était originaire du petit village daghestanais de Kostek « célèbre pour ces championnats de lutte » (journal russe kommersant, 2 avril 2010).




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