"Ich bin Jude", le maquis juif

 « Ich bin Jude ! Ich bin jude ! » est un film israélien de Barak Bard (2001) qui retrace les exploits des mouvements de la jeunesse juive, les Éclaireurs israélites de France (E.I.F.) et le Mouvement de la Jeunesse Sioniste (M.J.S.).

Lors de la prise d’un train entre Castres et Mazamet en août 1944, on y montre les maquisards déclarer fièrement à leurs prisonniers allemands « Ich bin jude » (je suis Juif »). «Les Insurgés » (2009) réalisé par Edward Zwick, relate l’histoire de deux frères biélorusses qui combattent les nazis et se cachent dans la forêt. « L’Armée du crime » (2009) de Rober Guédiguian et « l’Affiche Rouge » (1975) de Franck Cassenti retracent les derniers moments du groupe clandestin de Missak Manouchian, traqué par la police française jusqu’au procès et l’exécution au Mont Valérien le 21 février 1944.


Ces résistants juifs étaient aussi des Juifs résistants. 

 

Ils ont combattu pour leur idéal tout en défendant la France, et ont défendu la France tout en luttant pour la survie de leur peuple. Combat et sauvetage sont les deux pans de cette résistance spécifiquement juive aussi multiple et composite que l’était la communauté elle-même, en France et en Europe.
Le groupe Manouchian faisait partie des FTP-MOI. Jacques Lazarus, dit capitaine Jacquel, était l’un des chefs de l’Armée juive dans le maquis de la Montagne Noire, près de Castres.

Ils sont entrés dans l’histoire

d’une France qui ne les oublie pas.


Créée en 1923 pour accueillir les exilés politiques et les travailleurs étrangers, la Main d’œuvre immigrée (MOI) est organisée en groupes de langues (dont le yiddish) aux ordres directs du comité central du PCF. La priorité est de servir les intérêts communistes et d’accomplir la révolution mondiale. « Entre Marx et Moïse, ils ont choisi ! » (André Kaspi, historien).

La MOI, intégrée aux Francs-Tireurs et Partisans (FTP) en 1941, entre dans la résistance. Lutter contre le fascisme devient une façon de s’intégrer à la communauté nationale tout en préservant la spécificité de ses origines. En mars 1942, deux détachements parisiens, très actifs, sont presque entièrement juifs (Stéphane Courtois, Le Monde, 2 juin 1985). De nombreux jeunes gens échappés des rafles affluent et jurent de se venger.



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D’abord militants politiques, les juifs de la MOI diffusent des journaux en yiddish, se concentrent sur la survie de la communauté et tendent à renforcer ces liens identitaires. Parmi eux figuraient Joseph Epstein, ‘’le commandant Gilles’’ exécuté le 11 avril 1944, Hélène Kro qui se défenestra en décembre 1942 pour échapper à la police, Joseph Clisci, surnommé « le héros de Clichy » qui infligea de lourdes pertes aux Allemands avant de se suicider en juillet 1943, Olga Bancic, membre du groupe Manouchian, qui ne fut pas fusillée avec les autres mais emprisonnée puis décapitée en mai 1944 à Stuttgart.

 Dès septembre 1939, Adam Rayski (né Abraham Rajgrodski en Pologne et mort en mars 2008 à Paris) appelle les Juifs au combat dans son quotidien en yiddish Naïe presse (Presse nouvelle) : « Nous entrons dans la guerre aux côtés du peuple de France…». En 1940 il dirige la section juive de la MOI dont il devient responsable national. « Il développe (…) le refus de l’isolement de la population juive de l’ensemble de la nation, que poursuivent l’occupant et Vichy » (Lucien Degoy, 14 mars 2008, l’Humanité). Adam Rayski est co-fondateur du Comité général de défense juive (CGD, futur CRIF).

 


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