Il y a environ 5 millions de Musulmans en France, mais seule une
minorité mènerait une offensive confessionnelle dans l’espace public.
Cette minorité incarne un islam politique, dans ses variantes les
plus modérées aux plus extrêmes. Cette politisation de l’islam est
inquiétante. Pour les uns, l’islamisme serait une tactique délibérée et
interne à la religion musulmane. Pour les autres, il résulterait des
crispations identitaires et défensives contre l’islamophobie.
Une seule certitude. En France, depuis une dizaine d’années, des
clivages sérieux dans les modes de vie et de pensée provoquent une
fracture sociale profonde. Chaque jour, l’ultravisibilité des pratiques
religieuses musulmanes, les conversions nombreuses à l’islam dans les
milieux populaires, les violences intégristes au nom d’Allah, induisent
un repli communautaire qui nie ou conteste la République. Chaque jour,
les mosquées profanées, les provocations extrémistes, l’intolérance
antimusulmane, fragilisent la cohésion nationale.
Un islam intrusif se généralise, un racisme brutal se dévoile. Dérives, rejets et incompréhensions réciproques menacent un vivre ensemble devenu complexe.
Les récents sondages illustrent ces tensions. Alors qu’une enquête
Ifop-La Croix (juillet 2011) révélait une augmentation de la pratique
religieuse des Musulmans de France (71% respectent le Ramadan) et un
suivi plus assidu de leur foi, ces derniers se disent davantage
stigmatisés et incompris. Par ailleurs, 80% des Français non-musulmans
craignent la poussée d’un islam intégriste qui influerait dangereusement
sur leurs « modes de fonctionnement » (Ipsos, janvier 2013) et sont
favorables à une généralisation de la laïcité dans les entreprises
(enquête BVA, mars 2013).
Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM, créé en 2003) considère que l’islam majoritairement modéré et respectueux de son environnement, est victime d’amalgames. « Acculé à une identité différente » (Figaro, 24 octobre 2012), il serait vu comme un ennemi cultuel et culturel. Les peurs de part et d’autre proviendraient d’idées reçues et fausses, nourries par des fantasmes respectifs.
Un éclairage est nécessaire. Dans la religion musulmane, il n’existe
pas de barrière étanche entre le spirituel et le temporel. La confusion
des deux sphères trouve ses origines dans l’évolution historique des
sociétés arabo-musulmanes, selon les époques et les régions. Cette
sécularisation du phénomène religieux s’oppose aux valeurs modernes des
Lumières qui distinguent strictement le sacré et le profane. Pour parler
clair, l’islam et la République n’ont pas les mêmes valeurs. Est-ce à
dire pour autant qu’ils ne peuvent pas cohabiter ?
Le contexte national et international exacerbe les tensions entre communautés. Le fossé se creuse, pétri de défiances et de doutes.
Les attaques terroristes commises à La Défense (et à Londres), en mai 2013, étaient-elles des actes isolés ou bien l’expression d’un programme politique qui n’avoue pas son nom ? S’agit-il d’« une trahison de l’islam » comme s’empressait de le dire devant la presse le premier ministre britannique David Cameron ? Ou bien ces « fous de Dieu » qui voulaient décapiter les passants en citant des versets du Coran, sont-ils le bras armé d’une stratégie qui les dépasse ?
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